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« Tresmontant défend l’idée d’une philosophie et d’une métaphysique chrétiennes. Pour lui, la pensée hébraïque, dont le christianisme a hérité, constitue, à côté de la pensée de l’Inde, de la Chine et de la Grèce, un « phylum » à part entière, possédant ses propres catégories, sa vision du temps, sa morale, son anthropologie, sa métaphysique, etc. Il pense également que les données de la connaissance scientifique actuelle, notamment en cosmologie et en biologie, conduisent à affirmer l’existence de Dieu. La question de l’existence de Dieu ne relèverait donc pas, contrairement à ce qu’affirme la philosophie moderne depuis au moins Kant, de la seule croyance mais de la raison. La foi ne serait donc pas un saut dans l’absurde, mais tout au contraire un assentiment de l’intelligence, comme l’affirment la majorité des croyants. » – https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Tresmontant –
« Selon Tresmontant, le mot français révélation est un simple décalque du latin revelatio, qui se rattache au verbe revelo, revelare, lequel signifie : ôter le voile, le velum, découvrir. Ce mot latin revelatio traduit le grec apokalypsis qui signifie : action de découvrir, et se rattache au verbe apokalyptô qui signifie : découvrir, dévoiler. En grec, le kalymma, c’est ce qui sert à couvrir, le voile, l’écorce. Kalyptô signifie couvrir, envelopper, cacher. Apokalyptô, dans la version grecque de la bibliothèque hébraïque, traduit le verbe hébreu galah qui signifie aussi : découvrir, dévoiler. – Qu’est-ce que la Révélation ? C’est la communication par Dieu, à l’homme, d’une connaissance, d’une science, d’une intelligence, par l’intermédiaire d’un homme qu’en hébreu on appelle nabi, ce que les traducteurs juifs alexandrins de la bible hébraïque ont traduit en grec par le mot prophètès, que les Latins ont rendu par propheta, et nous, en français, par prophète. Le mot grec prophètès vient du verbe prophèmi qui signifie : dire ou annoncer d’avance. Le prophètès dans la langue grecque classique, c’est l’interprète d’un dieu, celui qui transmet ou explique la volonté des Dieux. C’est aussi l’interprète des paroles d’un oracle ou d’un devin, l’interprète d’une doctrine. C’est enfin celui qui annonce l’avenir. Dans la tradition hébraïque, le nabi est l’homme par lequel Dieu communique son message… Voici ce que disait le prophète Amos au VIIIe siècle avant notre ère : « Il ne fait rien, le seigneur YHWH, il ne fait aucune chose sans qu’il révèle (galah) son secret (sôdô) à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3, 7). – Sur quoi porte la Révélation ? Elle porte sur ce que l’homme, par ses seuls moyens, par la seule analyse fondée sur l’expérience, ne pouvait pas découvrir et connaître. Elle porte essentiellement sur la signification de l’œuvre créatrice de Dieu, sur sa finalité ultime. Seul l’auteur du poème, le compositeur de la symphonie, sait quel est le terme qu’il vise dans son œuvre, et celui à qui il communique son secret. La Révélation, c’est la communication du secret de Dieu, de ses intentions. Le message communiqué, c’est cela que les auteurs hébreux appellent la parole de Dieu : c’est le contenu du message, sa substance… On connaît le nom des prophètes : Moïse, Elie, Isaïe, Jérémie, Amos… Il ne faudrait pas oublier ceux qui les ont précédés : Zoroastre, ou les grands rishis de l’Inde par exemple à l’origine des Védas. Eux aussi parlent d’un plan du Réel qu’on n’atteint pas par la raison ou la simple expérience humaine mais par la Révélation. » – Jean-Yves LELOUP – « Sectes, églises et religions » – http://www.jeanyvesleloup.com/fr/texte.php?type_txt=0&ref_txt=94 –